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En ce dimanche nous ne retiendrons pas les lectures proposées par la liste communément proposée par la Fédération protestante de France. Nous sommes, en ce mois de janvier, dans la période de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens. C'est donc le texte de l'évangile selon Jean qui nous est proposé pour les célébrations de l'unité qui servira de base à notre réflexion. Nous voici donc face à cette parabole du cep et des sarments, mais avant d'en souligner quelques aspects majeurs il nous faut considérer le cadre général de ce récit. Des versets 1 à 9, Jésus s'adresse à ses disciples, mais il est utile de lire un peu plus loin dans le même chapitre 15 v. 16 : ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais c'est moi qui vous ai choisi. Pour les disciples, qui ont entendu ces paroles et qui avaient connu Jésus, ces paroles signifiaient qu'il les avait spécialement appelés à être ses témoins. Derrière ces paroles, il faut aussi comprendre que par l'œuvre de Jésus, Dieu nous dit à tous qu'avant même que nous ayons réalisé son œuvre, il nous a choisis, choisis pour être ses enfants. Notre vie sur terre n'est pas un périple où nous devons prouver que nous méritons l'amour de Dieu. La vie sur terre n'est pas simple et à y bien regarder dans les siècles précédents elle ne l'a jamais été non plus, mais Dieu nous a choisis. Et au sein de cette humanité déchirée, tourmentée, il s'est manifesté plus particulièrement à certains pour qu'ils deviennent les témoins de cette réalité : l’amour de Dieu. Nous ne sommes pas égarés sur terre par hasard ou jetés ici au gré de la volonté d'un Dieu arbitraire, terrible et sauvage, mais comme le dit Jésus nous sommes le fruit de l'amour de Dieu. Appelés par Dieu à la vie et pour ceux qui se tournent vers lui appelés à témoigner de cet amour infini. Au verset quatre du texte de ce jour Jésus déclare : « Demeurez en moi comme je demeure en vous ». C'est un appel à approfondir notre foi et notre connaissance de la volonté de Dieu. La vie sous le regard de Dieu n'est pas de l'ordre de l'obligation religieuse mais une expérience d'approfondissement de la communion intime avec lui jour après jour. Dans cette parabole nous sommes comparés à des ceps de vigne qui poussent de manière différente et sur lesquels le maître de la vigne porte un regard et des soins constants. Chacune de nos vies intéresse Dieu. Nos hésitations, nos peurs, nos souffrances ne le laissent pas insensible... et nous ferons tous l'expérience des choses qui seront retranchées de nos vies et des voies nouvelles et potentialités nouvelles que Dieu nous offre. Pour les chrétiens qui se réunissent en cette période de semaine de l'unité, quelle que soit leur confession, le cheminement est le même car Dieu intervient comme il le veut dans le secret des cœurs. Cela pourra vous paraître être une évidence en réalité, ce n'est pas le cas, car pendant longtemps il y a eu des oppositions frontales marquées et virulentes entre chrétiens de confession différente et il n'est pas si lointain le passé où, par exemple, les catholiques regardaient les protestants comme des hérétiques et affirmaient qu'ils ne pouvaient être au bénéfice du salut ! Le dogmatisme et la confusion entre l'Église de JésusChrist et l'église institution humaine l'emportaient sur l'authenticité de la foi. La foi nous disent les Écritures est un don de Dieu (Éphésiens2, verset 8). Lorsque l'auteur de l'épître aux hébreux rédige sa lettre, les débats doctrinaux qui animeront la vie de l'église n'ont pas encore eu lieu. L'auteur consacre deux chapitres très beaux et très instructifs pour nous présenter ce qu'est la foi, don de Dieu et ce qu'elle rend possible (voir les chapitres 11 et 12). En tant que chrétiens notre première responsabilité consiste à écouter la parole et à la laisser émonder nos vies. Ensuite, il nous appartient de laisser Dieu agir en nous, pour nous et avec nous. Il s'agit alors de mûrir intérieurement, progressivement. Il nous appartient en conséquence d'accepter que Dieu agisse dans la vie de nos frères et sœurs dans la foi comme il le veut. Non, il n'est pas nécessaire de confesser à la lettre les mêmes vérités doctrinales pour être pleinement dans la volonté de Dieu. Les discussions doctrinales ne confèrent pas le salut. C'est la foi, don de Dieu qui l'opère. Nous célébrons la semaine de l'unité une fois par an, en ce mois de janvier. D'autres églises proposent une semaine de prière, ce qui en soi est bien, mais qu'elle unité voulons nous ? Une unité doctrinale ? Faut-il pour prier ensemble confesser une liste de vérités de foi décrétées et imposées aux fidèles comme la vérité indiscutable ? Je suis convaincu du contraire et mes années d'engagement en œcuménisme m'ont renforcé jour après jour dans cette conviction. Les idées passent, mais seule la parole du Seigneur demeure. Nous avons donc à apprendre à vivre dans la diversité et à laisser Dieu faire son œuvre comme il le veut. L'Église est avant tout une communauté qui doit vivre l'unité. Celle-ci ne devient véritable que si elle repose sur une réelle communion fraternelle. Elle ne saurait se réduire à une célébration exceptionnelle ou circonstancielle. Sur ce sujet je me souviens notamment d'une boutade d'un de mes collègues pasteurs, il y a bien longtemps qui disait : « Ouf la semaine de l'unité est passée, nous avons 51 semaines pour nous déchirer et défendre notre pré carré ! » Hélas ceci est très réel en pratique ! Si l'on repense à Jésus et à son œuvre avec ses disciples. Il a choisi de former de petits groupes, d'abord les douze au sein desquels il a voulu faire naître une réelle communion fraternelle. Nous devons nous engager nous-mêmes dans de tels groupes pour vivre la fraternité. Ces petits ensembles doivent se mettre en relation de foi et de communion avec d'autres groupes qui fondent leur foi sur la communion fraternelle. Nous devons ainsi apprendre à être authentiques. Nous ne sommes pas là pour parler seulement de généralités ou de la pluie et du beau temps, mais pour nous soutenir nous édifier et pour porter ce qui est plus dur pour certains d'entre nous. La communion fraternelle ne saurait pas non plus se réduire à prendre la cène ou l'eucharistie avec d'autres fidèles que l'on connaît parfois très peu en vérité. Elle est une communion réelle où l'on se sent accueilli tel que l'on est sans être jugé. Un lieu, un espace, une rencontre où l'on peut dire ce qui se passe dans notre vie. Un lieu privilégié où l'on peut parler de ce qui blesse, dévoiler ses sentiments, confesser nos échecs, exposer nos doutes, admettre nos peurs, reconnaître nos faiblesses et demander la prière des autres et l'obtenir parce que nous sommes tous des sarments que Dieu émonde. La communion fraternelle chasse l'obscurité et fait naître la lumière. Nous sommes ici loin de la politesse superficielle et des conversations banales. Dans la parabole des sarments nous sommes tous plantés dans la même terre, nous formons un seul corps par la volonté souveraine de Dieu en la matière. En prendre conscience nous permet de prier ensemble. Mais, c'est aussi une école d'humilité où nous acceptons de nous laisser transformer par la parole. C’est aussi une ouverture aux autres que nous devons accepter tels qu'ils sont. Depuis de nombreuses années les textes lus au cours de la semaine de l'unité nous invitent à grandir dans l'unité. Mais la ferveur œcuménique en de nombreux lieux a un peu baissé. Beaucoup de nos églises locales ou paroisses sont aujourd'hui plus préoccupées par le renouveau de leurs communautés que par le dialogue et l'action commune avec d'autres. Mais peut-être aussi sommes-nous pris au piège des dialogues officiels d'institution à institution. Nos institutions nous disent que des accords de reconnaissance mutuelle et de convergence ont été passés, mais comment intégrons-nous dans nos discours officiels et doctrinaux ces avancées ? La question reste totalement ouverte et l'on constate sur le terrain une grande ignorance sur ce sujet. Bien sûr, notre mission première est d'annoncer l'Évangile avec nos spécificités, mais nous avons aussi l'exigence d'un dialogue vrai et reconnaissant envers les chrétiens qui ne partagent pas tout à fait nos manières de faire. Par ailleurs depuis le début de l'aventure du dialogue œcuménique de nouvelles questions ont surgi dans notre monde. Nous avons pris conscience de notre dépendance vis-à-vis de la planète que nous avons trop longtemps utilisée sans nous préoccuper de ce que nous lui infligions en mal et en la détruisant. Les questions écologiques sont maintenant là, devant nous et nous ne pourrons les éviter. Alors sur ce chemin il nous faut au-delà de différences de concepts unir nos efforts. Apprendre à vivre différemment en étant soucieux du bien fondamental que Dieu nous a donné pour vivre : notre planète. C’est une réalité, nous sommes inévitablement liés à toute la création, humains, monde animal, nature, utilisation des ressources. Après les blessures graves et destructions que nous avons infligées à notre planète nous avons le devoir de nous réconcilier avec tout ce qui a été et est créé. La tâche paraît immense. Il est important de nous souvenir que Dieu reste le maître de toutes choses et que l'Esprit du ressuscité nous pousse maintenant à nous engager inlassablement dans le combat pour la justice, la paix et l'équilibre de la création. Souvenons-nous, nous ne sommes que les gérants et pas les maîtres de la création. Les humains ne peuvent pas survivre s'ils détruisent leur environnement. Nous devons prendre part à cette œuvre de l'esprit de Dieu qui désire renouveler sa création. Dans la parabole des sarments le maître vient et il émonde, il retranche ce qui est porteur de mort. Sommes-nous capables d'agir comme lui dans nos vies, dans nos actes, pour retrancher avec l'aide de son Esprit, ce qui est porteur de mort. C'est un travail spirituel que chacun doit faire dans sa vie et si chacun le fait alors tous en bénéficieront et l'œuvre de Dieu deviendra de plus en plus visible. L'unité des chrétiens doit se faire sur ce plan, pour la défense des droits de l'homme, il faut privilégier tout ce qui redonne son vrai visage à l'humanité. Nous devons en être les témoins, sans récupérer au nom de notre foi ceux qui ne peuvent pas croire et que Dieu aime sans doute tout autant que ceux qui disent avoir la foi. Nous ne devons pas les récupérer, en les qualifiant de chrétiens qui s'ignorent, ils sont enfants de Dieu, car Dieu les a créés et il peut aussi les émonder selon son plan et sa bienveillance envers tous ceux qu'il a créés. C'est aussi un appel pour nous tous à travailler à la réconciliation. À être des disciples de paix, des artisans de paix. Voilà sans aucun doute le fruit essentiel que Dieu s'attend à trouver dans chacune de nos vies. La paix, c'est la paix avec nous-mêmes, avec notre passé, avec nos proches, avec notre prochain. La paix avec Dieu et la foi en ce projet de paix que Dieu désire instaurer et dont il nous demande d'être les témoins et les acteurs avec lui.

Amen

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