Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

PRÉDICATION 3° Dimanche de l’Avent La lumière de Noël C’est bien connu de tous, je le crois, la tradition biblique nous dit que le judaïsme a toujours été une religion qui voulait détruire les idoles pour faire place au vrai Dieu. Oui, Dimanche 13 décembre 2020 – Pr Frédéric VERSPEETEN – page 7 / 13 si l’on veut construire du neuf, il faut détruire l’ancien, et avant de rendre un culte au vrai Dieu, il faut faire un travail de conversion, il faut détruire les idoles, détruire toutes les fausses images de Dieu. Notamment celles que nous entretenons nous-même sur Dieu. D’une certaine manière, il faut faire un travail d’iconoclaste. Jean-Baptiste est ici le digne représentant du judaïsme. Pour se présenter à nous, il va d’abord détruire toutes les idées reçues, toutes les idées que les gens se faisaient de lui. Il va dire qui il n’est pas. Par trois fois, il va prononcer sur sa personne trois négations : - Vous dites que je suis le Christ, celui qui doit sauver Israël : eh bien non, je ne le suis pas. - Vous dites que je suis Élie qui serait revenu pour entrer dans l’achèvement des temps. En effet à l’époque de Jésus beaucoup pensaient que le prophète Élie qui avait été enlevé au ciel reviendrait et comme Jean-Baptiste était habillé de la même manière et vivait au désert comme Élie, certains pensaient qu’il était redescendu du ciel pour annoncer la venue proche du Messie. Eh bien non, je ne le suis pas leur dit Jean-Baptiste ! - Vous dites que je suis le prophète, le successeur de Moïse : eh bien non, je ne le suis pas. Oui ici encore d’autres pensaient qu’un nouveau prophète viendrait et qu’il livrerait une interprétation nouvelle de la loi qui ferait davantage place aux plus fragiles. Pourtant, Jean-Baptiste avait des raisons de se mettre en avant : une vie ascétique, une morale irréprochable, une fidélité indéfectible à annoncer la Parole de Dieu au peuple. D’ailleurs, on dira de lui que jusqu’à la nouvelle alliance, personne n’a été plus grand que lui. Que personne ne l’a égalé. Ce n’est pas un petit compliment. Alors, ferait-il preuve de fausse modestie ? Certainement pas, ces trois négations ont un but. Ce n’est pas de la fausse modestie : ces trois négations sont destinées à amoindrir son image aux yeux de ceux qui le suivent. Jean-Baptiste doit affirmer avec force qu’il n’est pas le Christ ni Élie ni un nouveau Moïse. Comme Jésus, Jean-Baptiste avait beaucoup de disciples, des foules entières, jusqu’en Asie Mineure. Même les chefs religieux craignaient sa popularité. Ils évitaient prudemment de le critiquer devant le peuple. Dans ces conditions, certains de ses disciples pouvaient être en grand danger : ils pouvaient être empêchés de suivre le Christ. JeanBaptiste pouvait être un obstacle en faisant écran entre eux et Jésus-Christ. Jean-Baptiste le sait et il fait ce qu’il faut pour éviter que ses disciples s’attachent trop à lui. Ce n’est pas à lui qu’ils doivent s’attacher, mais à Jésus-Christ seul. On le voit, JeanBaptiste est tout le contraire d’un gourou : il ne se met pas en avant, il sait s’effacer devant plus grand que lui. Non, Jean-Baptiste n’est pas un gourou : il est un simple témoin. Sa raison d’être est le témoignage. Il devait rendre témoignage à la lumière, nous dit le texte. Cette question du témoignage revient souvent dans l’Évangile de Jean, c’est une caractéristique de cet Évangile. Vous avez peut-être entendu cette exhortation adressée à notre Église d’être une Église de témoins. Toutefois, ici il n’est pas question du témoignage au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Ici, rendre témoignage poursuit un but : il cherche à dévoiler la vérité, à faire toute la lumière sur Celui qui est lui-même la lumière. Jean-Baptiste ne cherche qu’une chose : il cherche à établir la vérité. Le témoignage de Jean-Baptiste est rendu en vue de la foi, et la foi n’est possible qu’au moyen du témoignage. La seule foi véritable est celle qui s’attache au concret des choses, qui prend appui sur la réalité objective et non sur les chimères de l’imagination. Dimanche 13 décembre 2020 – Pr Frédéric VERSPEETEN – page 8 / 13 Jésus-Christ est la Vérité. Jésus-Christ est la Lumière. Si Jésus est la lumière, il ne peut pas voir l’obscurité, et il a besoin de quelqu’un qui n’est pas lui-même la lumière, quelqu’un qui connaît l’obscurité, pour attirer toute l’attention sur lui. Non, malgré son ascétisme, malgré sa morale, malgré sa fidélité, Jean-Baptiste n’est pas la lumière : c’est Jésus-Christ qui est la lumière, lui seul. La raison d’être de Jean-Baptiste est donc simplement d’attirer les regards sur Jésus. Cela exclut le fait que les regards puissent se tourner vers lui. Jean-Baptiste doit donc dissuader vigoureusement tous ceux qui le suivent de le mettre sur un piédestal. Il doit s’effacer devant Jésus-Christ. Alors Jean-Baptiste confesse tout ce qu’il n’est pas, et une fois qu’il a fait cela, une fois qu’il a détruit toutes les fausses images de lui-même, il va alors confesser qui il est véritablement, il va pouvoir avancer une affirmation, une affirmation juste. Mais cette affirmation est surprenante, déroutante. Qui est Jean-Baptiste ? Comment se voit-il ? Selon ses propres mots, qu’il reprend à la tradition des Écritures, celle du livre d’Ésaïe, il se présente comme une voix : Je suis la voix qui crie, dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur. Quelle drôle de manière de se présenter : d’habitude, quand on se présente, on donne son nom, son identité. Ici, rien de tout ça : Jean-Baptiste se présente comme étant une voix, et en plus, une voix qui ne dit pas quelque chose d’original, mais qui reprend un texte de la tradition, une voix qui s’inscrit dans la tradition, une simple voix. Une voix, c’est immatériel, une voix, c’est ce qui s’entend, ce qui s’écoute. Et là on est au cœur de la tradition juive, qui est avant tout l’écoute d’une voix, l’écoute de la voix de Dieu. C’est le Shêma Israël, Écoute Israël, que les Juifs récitent chaque jour. Et cette voix de Jean-Baptiste retentit… non pas dans des lieux habités, mais dans le désert, dans le désert, là où il n’y a que des pierres sous un ciel de feu, dans le désert, là où il n’y a personne pour entendre. Oui, même par-delà les limites de tout peuplement humain, la voix de Jean-Baptiste retentit. Si sa voix retentit jusque dans le désert, alors c’est qu’elle atteint toute la terre, la terre habitée et la terre inhabitée. Aucun lieu de la terre n’est hors de sa portée, aucun homme n’est hors de sa portée. Oui, la voix de JeanBaptiste, qui appelle à la repentance, n’est arrêtée par rien. En ce temps de l’Avent, cette voix de Jean-Baptiste qui crie d’aplanir le chemin du Seigneur, cette voix qui nous vient de très loin, cette voix qui nous vient de la tradition juive, cette voix de Jean-Baptiste s’adresse aussi à nous. Elle nous prépare à accueillir le mystère de Noël, elle nous prépare à faciliter la venue de Jésus dans nos cœurs en ayant la même attitude que Jean-Baptiste : en nous effaçant, nous aussi, devant Jésus-Christ, pour qu’il prenne toute la place en nous. Alors, il faut souhaiter que pour nous aujourd’hui, cette voix de Jean-Baptiste qui crie : Aplanissez le chemin du Seigneur, ne se perde pas dans le désert, il faut souhaiter que cette voix trouve dans nos Églises une écoute. Alors, nos cœurs pourront accueillir la lumière de Noël. Alors si nous regardons un peu le texte de Paul dans la première épitre aux Thessaloniciens proposée comme seconde lecture ce jour, nous pouvons : Dimanche 13 décembre 2020 – Pr Frédéric VERSPEETEN – page 9 / 13 Être joyeux Et cela même si le monde d’aujourd’hui est terrible, difficile, dangereux. Albert Camus disait : « Il faut créer le bonheur pour protester contre l’univers du malheur. » et Nietzsche affirmait qu’il ne deviendrait chrétien que le jour où il rencontrerait des chrétiens montrant des figures de ressuscités. Comment témoigner de la Bonne Nouvelle du salut si nous sommes tristes, grincheux, énervés, agressifs ? La joie est évangélique et elle se partage, elle est contagieuse. Nous devons prier sans cesse ! La prière et la joie sont liées l’une à l’autre. Paul l’a bien compris qui ne les sépare pas, et les verbes sont à l’impératif. C’est inévitable, ces deux-là sont liées. La prière ne peut entraîner et alimenter la tristesse, elle ne peut qu’apporter la joie puisqu’elle nous approche de Dieu ; par elle, nous entrons dans l’intimité de Dieu et Lui nous rejoint dans la nôtre. Dès lors nous sommes mus par des forces qui nous dépassent. Enfin rendons grâces en toutes choses ! Montrer joie et gratitude ne peut que provoquer l’intérêt, les questions et permettre à l’autre, celui qui nous écoute, nous voit, celui qui nous côtoie, de s’ouvrir et recevoir le message d’amour et de paix dont lui aussi pourrait tirer une vie renouvelée et joyeuse.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :