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PRÉDICATION Prédication 25 juillet 2021 Deux de nos récits bibliques du jour évoquent une multiplication des pains. Celle de Jean est très connue, souvent lue et commentée ; l’autre récit, issu du livre des Rois, l’est beaucoup moins. Elle met en scène le prophète Élisée dont très souvent, il faut l’avouer, nous ne connaissons pas grand-chose, car pour avoir quelques informations sur la trame narrative de sa vie, il nous faut lire ce second livre des Rois. Élisée nous est présenté comme un prophète de la grâce de Dieu. Il va ici accomplir un miracle, dit notre passage biblique. Ce miracle consiste à multiplier les pains. Juste avant cela, il a purifié la nourriture qui était empoisonnée. Au départ, il y a apparemment selon le serviteur trop peu de pains pour nourrir cent personnes. Pourtant, elles seront toutes nourries et il y aura des restes… Le récit de la multiplication des pains, chez Jean se termine un peu de la même manière. Au départ, il y a peu de nourriture : 5 petits pains et 2 petits poissons. Mais là encore un miracle se produit, tous vont avoir du pain et il en restera au point que l’on récoltera ces restes dans deux corbeilles. Pour ceux qui croyaient que seul Jésus avait multiplié les pains, c’est une surprise et une découverte… Alors avant d’aller plus loin, arrêtons-nous quelques instants sur le récit du livre des Rois. Je retiendrai trois choses : D’abord, il est question d’Élisée, le prophète qui a succédé à Élie. Il est venu annoncer, malgré le jugement, la Grâce de Dieu. Le ministère d’Élisée a été marqué par de nombreux signes (il serait préférable de dire signes plutôt que miracles), qui avaient pour but de ramener les peuples d’Israël et de Juda vers le Seigneur. Ensuite, beaucoup de commentateurs et biblistes, de tradition chrétienne, ont souligné les ressemblances qu’il y a entre l’œuvre de Jésus et celle d’Élisée. Bien avant Jésus, Élisée va guérir et faire revenir à la vie un enfant mort. Dans notre récit, il va multiplier les pains. Enfin, il annonce davantage la grâce de Dieu que son jugement et en cela encore il rejoint le message de Jésus. Je voudrais ici tirer quelques petits enseignements de ces brèves évocations. Nous ne devons pas et même plus du tout opposer le Dieu du Premier Testament et le Dieu que Jésus nous fait entrevoir dans le Nouveau Testament. C’est bien le même Dieu, il n’est pas colérique, revanchard et obscur comme on nous l’a trop souvent présenté, car les textes de l’Ancien Testament soulignent très souvent sa miséricorde son pardon, son amour et sa bienveillance. Les prophètes s’en font l’écho et nous ne devons donc pas céder à une lecture de la Torah (les cinq premiers livres de la Bible) qui soit trop stricte littérale et rigide. Par ailleurs, le récit du livre des rois évoque l’utilisation de pain d’orge et de blé. Apparemment cela paraît ordinaire et fait partie de la nourriture quotidienne de l’époque (avec une nuance pour ceux qui peuvent en avoir, rappelez-vous les périodes de disette et de famine). Le blé et l’orge sont là comme des cadeaux de la terre, mais surtout des cadeaux du ciel et ils témoignent de la bienveillance de Dieu qui pourvoit à la nourriture de ceux qu’il a créés. Dans le culte lévitique des offrandes relatives à ces cadeaux du ciel seront présentées à Dieu en signe de reconnaissance pour ce que Dieu donne. Dans le récit d’Élisée il y a finalement plus de pains que de "convives" ; du pain pour tous ; des pains en suffisance pour d’autres encore. Dans l’œuvre d’Élisée ceci est aussi une mise en cause des maîtres du pouvoir qui ne prennent pas soin de leur peuple. Dieu distribue ses biens à tous et lorsque nous avons connaissance de la disette et de la détresse de certaines personnes ou population et que nous ne faisons rien pour pallier cette difficulté et répondre à la détresse nous sommes coupables de ne pas respecter l’ordre créationnel. Les richesses ne sont pas faites pour être accaparées. À Dieu seul tout appartient et il nous revient de faire notre part pour rétablir autant que cela est possible l’équilibre des choses au profit de tous. Déjà donc, le récit, de cet acte, attribué au prophète Élisée nous indique deux choses. Dieu veut prendre soin généreusement de ses enfants et nous laisse entendre que sa parole nourrit, qu’elle est comme le bon pain et que la mettre en œuvre c’est changer la vie ! Après avoir consacré ce long développement au récit du livre des Rois venons-en à l’Évangile. Jésus à son tour nourrit la foule, il s’agit ici d’environ 5000 hommes. Notons au passage que Jean se souvient que la renommée de Jésus attirait de plus en plus de monde. Nous sommes dans le récit proche de la fête de la Pâque et lors de la célébration de cette fête, pendant le repas, il y avait entre autres éléments trois "matsots", trois pains sans levain séparés par un linge blanc. Ces trois pains rappellent le Dieu puissant qui vient au secours de son peuple, le Dieu qui pardonne, le Dieu qui se donne, qui nous assure de sa présence. Le pain aide à vivre jour après jour. Dieu donne aussi sa présence à celui qui la discerne et la cherche. Jésus ici après avoir enseigné les foules et guéri des malades va nourrir la foule. De ces cinq pains et deux poissons va surgir une nourriture suffisante et abondante pour que tous en reçoivent, mais en le faisant il dit aussi que Dieu s’intéresse à chacun sans réserve. Il est possible de voir dans ce récit une préfiguration du récit de la Sainte Cène ou Jésus invite chacun à s’approcher et à faire mémoire du don de Dieu. Par ailleurs, ce récit de multiplication a toujours suscité des interrogations chez les lecteurs de la Bible. Pour certains il s’agirait d’un récit symbolique dans lequel on nous présente Jésus comme celui qui livre la parole vraie de Dieu ; pour d’autres ce récit n’a pu avoir lieu, ce ne serait qu’une légende. Pour d’autres encore, il est littéralement et totalement exact ! Historique ! L’évangéliste Jean nous invite lui à croire et à y voir un signe. Jean n’emploie pas le terme miracle, il parle d’un signe. Ernest Renan, qui a écrit une vie de Jésus, après avoir rompu avec le catholicisme, affirmera toujours qu’il a foi en Jésus mais qu’il souhaite en redécouvrir le visage pleinement humain. Il sera particulièrement interrogé par ce récit de multiplication des pains. Il y voit une foule qui ayant entendu Jésus et ses appels à la solidarité, la fraternité, s’assoit et partage ce qu’elle a. Les plus pauvres ont peu et reçoivent de ceux qui ont plus qui donnent davantage. Nous pourrions écarter d’un revers de main cette interprétation, car elle semblerait enlever à Jésus son "aura miraculeuse", mais, n’est-elle pas proche de l’Évangile lorsqu’elle nous invite au partage, à la fraternité, à donner comme Dieu donne ? Quelque part cette interprétation nous replonge dans la prédication du prophète Ésaïe qui exhortait ses contemporains à délier les liens de servitude et à nourrir ceux qui ont faim ! L’évangéliste Jean, lui, relate ce récit simplement pour souligner que sans aucun doute quelque chose d’inattendu, d’inexplicable scientifiquement, s’est produit ce jour-là. Dieu ne renvoie pas ceux qui viennent vers lui les mains vides ! Il les comble de ses bénédictions. Mais pour Jean ceci est un signe parmi d’autres, signe de la présence de Dieu au cœur de notre monde et de notre vie. Que ce récit soit littéralement vrai ou une interprétation pour souligner l’œuvre de Jésus importe peu, en réalité, ce qui compte c’est de voir ce qu’il nous dit à nous en ces jours dans nos vies. En réalité dans notre cheminement quotidien, Dieu ne cesse de se manifester par des signes parfois très simples, discrets que seul l’intéressé peut comprendre ou parfois par des choses plus grandes, plus visibles, plus graves dans notre monde. Sommes-nous assez attentifs pour les voir ? Dieu ne nous provoque pas et ne nous convie pas à la résignation, mais ces signes sont là pour nous inviter à marcher à sa rencontre et à nous engager pour que notre monde soit de moins en moins le lieu des puissances d’égarement ! Son but se résume ainsi : nous ouvrir les yeux, nous interpeller pour que les choses changent ! C’est à nous qu’il s’adresse, c’est sur nous qu’il compte et il nous accompagne. Amen. Cantique 45-21 § 1, 3 : Trouver dans ma vie ta présenc

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