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Chère Madame, cher Monsieur

Le 4 mai 2018, je vous ai envoyé un message pour vous parler de Marin Sauvajon. Quand je vous ai écrit, le verdict n’avait pas encore été rendu et l’on ignorait alors quelle peine son agresseur recevrait.

Deux ans exactement plus tard, ce qu’endure Marin est une honte.

Laissez moi vous expliquer :

Le 11 novembre 2016, Marin, âgé de 20 ans, a été sauvagement agressé. Depuis, il souffre de lésions cérébrales irréversibles.

Ce jour-là, il est avec sa petite amie, Clémentine, au centre commercial de La Part-Dieu à Lyon pour y chercher son cadeau d’anniversaire : un manteau. Cet étudiant en double licence de droit et sciences politiques vient de fêter ses 20 ans.

Voilà comment le Figaro résume ce qui se passe ensuite :

« Ressorti bredouille du centre commercial, le jeune homme se dirige avec sa petite amie vers un arrêt de bus. Il aperçoit alors deux jeunes invectiver un couple en train de s'embrasser. L'homme du couple réplique, le ton monte. Marin s'interpose. L'un des jeunes le prend à son tour à partie et une bousculade éclate. Clémentine tente de calmer le jeu.

Arrive alors un bus dans lequel montent les deux couples mais aussi l'un des jeunes, Lilian (son nom a été changé), 17 ans. S'approchant par-derrière, il assène soudainement à Marin des coups de béquille sur le crâne.

"Une violence extrême, très lâche", souligne un des avocats de la victime, Me Frédéric Doyez. L'agresseur s'enfuit, laissant Marin "dans un état désespéré". Il est interpellé dès le lendemain
 »

Le tort de Marin ?

Avoir eu le courage de s’interposer dans un début de bagarre, de vouloir prendre la défense de quelqu’un.

De moins en moins de gens ont ce courage aujourd’hui, je ne les blâme pas, car souvent hélas, et Marin en est la preuve, les conséquences peuvent être très graves, voire fatales.
Ce jeune homme savait probablement qu’il se mettait en danger en intervenant, mais il a fait preuve de bravoure.

Son agresseur avait 17 ans au moment des faits. Il a donc été jugé par la cour d’assises pour mineurs du Rhône et a écopé de sept ans et demi de prison pour « violences avec usage ou menace d’une arme suivie de mutilation ».

Peu cher payé me direz-vous pour avoir brisé la vie de Marin.

Peu cher payé aussi quand on apprend qu’à l’époque, ce jeune homme, « bien connu des services de police et de justice » avait déjà une vingtaine de mentions à son casier judiciaire.

Mais enfin, Marin et sa famille pouvaient au moins se rassurer en sachant ce délinquant violent hors d’état de nuire pour quelques années. Le répit aura été de très courte durée puisque le 30 avril dernier, la demande de remise en liberté conditionnelle formulée par « Lilian » a été acceptée.

Vous lisez bien, un juge d’application des peines a pris le temps d’étudier et d’accepter la demande du jeune homme au motif qu’elle est « tout à fait justifiée par son projet professionnel » d’après son avocate.

Cet individu, qui a une vingtaine de mentions à son casier judiciaire, qui est connu pour des addictions à l’alcool et au cannabis, qui est incarcéré pour une agression ultra-violente pourrait bénéficier à la moitié de sa peine d’une libération conditionnelle ?

Pourtant, dans son dossier, on peut lire qu’il a fait l’objet d'une quinzaine de sanctions disciplinaires depuis le début de son incarcération, en novembre 2016.

Une quinzaine de sanctions disciplinaires !

Pourtant, les parents de Marin ont pris la peine d’écrire un courrier au juge d’application des peines avant qu’il ne rende sa décision pour lui dire qu’ils estimaient que cette libération interviendrait trop tôt dans la reconstruction de leur fils.

Mais toutes ces raisons n’ont pas été suffisamment convaincantes. Et le magistrat a décidé que ce délinquant pouvait être libre, à la moitié de sa peine, et que la société, c’est-à-dire vous et moi, devait accepter de courir le risque d’y être confrontée.

Est-ce cela la Justice rendue au nom du peuple français ?

Par sa clémence, quasi-criminelle, dans le suivi de ce délinquant quand il était mineur, la Justice a déjà une responsabilité immense dans ce qui est arrivé à Marin.

Faudrait-il en plus prendre le risque qu’un autre jeune homme comme Marin croise à nouveau la route de « Lilian » ?

Fort heureusement, le parquet a fait appel de cette décision. Alors qu’il devait être libéré aujourd’hui, mardi 5 mai, « Lilian » restera à la prison de Roanne le temps que son dossier soit réexaminé.

Mais le mal est déjà en partie fait. Tous les tourments et les traumatismes de Marin ont été ressuscités par cette perspective de voir son agresseur bénéficier d’une libération conditionnelle.

Qu’il sache du moins que nous sommes des millions de Français à le soutenir dans son combat pour la Justice. Celle qui est attentive aux victimes et qui veut protéger la société.

Avec tout mon dévouement,
Laurence Havel


 

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