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PRÉDICATION Prédication sur la graine de sénevé La parabole de la petite graine qui pousse secrètement et va irrémédiablement croître et devenir visible évoque la venue du royaume de Dieu. Dans ce monde où tout passe et ou nous avons l’impression que tout se dilue, Jésus nous dit que Dieu est à l’œuvre. Nous ne le voyons pas toujours… il y a tant de détresse, de tristesse, de mort. Notre monde est un peu semblable à ce que décrit l’apôtre Jean dans l’apocalypse : une grande tribulation, une tribulation permanente, un trouble permanent dans lequel se déchaîne tout ce que les humains ont de plus mauvais Pourtant je ne suis pas désespéré et je vais renoncer à commenter très littéralement ce passage de l’évangile et essayer de chercher ce que Jésus laisse entrevoir en filigrane du projet de Dieu. Je crois avant tout que ce que Jésus dit pourrait d’abord se résumer en quelques mots que nous développerons ensuite ; je crois que Jésus résume en quelques mots le projet de l’amour de Dieu pour notre monde ; cela peut tenir en une simple phrase : Dieu fait toutes choses nouvelles ! Le projet de Dieu La Bible nous dit que Dieu s’implique dans le monde, qu’il y intervient. Pourquoi le fait-il ? Quel résultat veut-il atteindre ? Quel but poursuit-il ? Selon les réformés, si Dieu agit dans l’histoire de l’humanité, c’est pour susciter une nouvelle humanité, une nouvelle manière d’être humain, pour faire de nous des êtres non pas divins, mais réellement et pleinement humains. Ses interventions veulent nous arracher à la sauvagerie et à la bestialité qui nous caractérisent trop souvent. Elles tendent à nous libérer de ce qui nous empêche de vivre et de nous conduire comme des enfants de Dieu. Dieu veut un être humain digne de ce nom, dont la vie soit dominée par l’amour et non par la cupidité, qui recherche l'harmonie avec ses semblables et avec l'ensemble de la création, qui connaisse une authenticité intérieure et ne soit plus déchiré, abîmé, perverti par les contradictions de l'existence et par ses propres erreurs et défaillances. Mais cette réponse se centre sur l’homme qui apparaît comme le centre et l’unique visée de l’action divine. Il faut sans doute sortir de cet anthropocentrisme et élargir la perspective. Certaines prophéties de l’Ancien Testament, la métaphore du Royaume, l’image des nouveaux cieux et de la nouvelle terre suggèrent que Dieu travaille pour un univers, et pas seulement un être humain, nouveau. Le modèle que Dieu nous offre en Jésus-Christ ! Quoi qu’il en soit, en ce qui nous concerne nous sommes appelés par l’évangile à devenir des « êtres nouveaux », autrement dit, à devenir des êtres dont la vie s’inspire toujours plus du Christ. L’apôtre Paul évoquait l’idée de devenir semblables à Jésus, à cet homme en qui Dieu habitait et par qui il agissait. Dans la Bible et dans la tradition chrétienne, plusieurs textes l’affirment. Entendez-moi bien, il ne s’agit pas de devenir des religieux enfermés dans des concepts ou des murs, mais de laisser l’œuvre de Dieu transformer notre existence. Dans Ep 4,13, l'apôtre Paul établit une équivalence entre « l'homme accompli » et « la stature parfaite du Christ ». Ailleurs, il déclare que le Christ, l'homme nouveau, doit naître, grandir, se former et vivre en nous et que nous devons être, comme l'apôtre, à son exemple, les imitateurs du Christ, c’est-à-dire le prendre pour modèle. « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi », écrit-il dans Gal. 2,20. Dans l’histoire du christianisme, le Moyen Âge finissant insiste justement sur l'imitation de Jésus. Érasme souhaite que les chrétiens soient de « nouveaux christs » et Luther dans son Traité de la liberté chrétienne les invite à devenir « de petits christs ». Dans ces expressions christ désigne l'homme véritable, conforme au dessein et à la volonté de Dieu. Le Christ, c’est cet homme nouveau et authentique que Jésus a été et que nous sommes tous appelés à être. Dieu nous libère des choses anciennes ! Cet objectif d’une humanité vivant selon sa vérité profonde et la volonté de Dieu n’est évidemment pas encore réalisé. Nous en sommes conscients, mais la parabole du royaume caché qui grandit peu à peu laisse voir que Dieu s’y emploie peu à peu. Plusieurs textes bibliques déclarent que Dieu n'a pas achevé son œuvre. Ils proclament qu’un jour, prochain ou lointain, Dieu transformera la terre, le ciel et fera de nous des êtres nouveaux, vivant dans des conditions différentes. Le croyant prie pour que son règne vienne, il attend le Royaume de Dieu, semblable au voyageur qui marche vers une terre promise ou au pèlerin qui se dirige vers un sanctuaire ou au nomade assoiffé qui dans le désert chemine vers un point d'eau ou encore à la sentinelle qui guette l’aube. L’attente, la préparation, la construction de l'avenir occupent une place essentielle dans la foi biblique.Et pourtant le christianisme, au cours de son histoire, l’a largement oublié comme l’a écrit le théologien Jurgen Moltmann. L’homme a tout centré sur le passé, sur les événements christiques d’autrefois, sur le Christ déjà venu et non sur le Christ à venir, sur ce qui a été fait plus que sur ce qui est à faire. L’Église commémore des événements d’autrefois ; les célébrations de Noël, de Pâques, de la Pentecôte rythment la vie de nos paroisses ; nous passons beaucoup plus de temps à scruter des textes anciens qu’à déchiffrer les signes des temps. Ce renversement opéré très tôt par le christianisme, Albert Schweitzer l’a mis en évidence et dénoncé. Schweitzer écrit : Vous me reprochez de situer le centre de gravité de la foi chrétienne dans l’avenir au lieu de le placer dans le drame rédempteur lors de la mort et de la résurrection de JésusChrist. Le reproche est juste … Seulement, c’est Jésus lui-même qui situe le centre de gravité de la foi chrétienne dans l’avenir. L’Évangile, ajoute Schweitzer, c’est la prédication du Royaume qui vient, et non le drame rédempteur de notre dogmatique. Le salut n’est pas essentiellement pardon des péchés, liquidation d’un contentieux passé ; il est surtout envoi vers un monde nouveau, surgissement d’un être nouveau. Lorsque la prédication de la Croix et de la souffrance de la croix et de son coté horrible supplante celle du Royaume, quand le christianisme transforme son message eschatologique en un enseignement archéologique, quand elle prêche davantage le repentir que l’engagement, alors l’Église remplace l’élan vers le futur par la rumination du passé ; elle inverse son message et sa mission. Un appel à nous convertir à la nouveauté ! Contre ce renversement, les théologiens défenseurs de la théologie du Royaume, soulignent que le futur est le temps de Dieu. Il agit en nous proposant et en nous ouvrant un avenir. Il ne répare ni ne restaure l’ancien, il innove, il invente du nouveau. Ce n’est pas ce qui a été accompli autrefois, mais ce qui n’existe pas encore qui constitue le cœur de l’Évangile et qui caractérise le plus profondément le Christ. Teilhard de Chardin parlait du Christ comme du point « oméga », c’est-à-dire ce vers quoi nous voulons aller et devons nous diriger. Le chrétien ressemble à ce coureur dont parle Paul qui oublie « ce qui est en arrière » et tend vers « ce qui est en avant ». Ce que le Nouveau Testament nous propose, c’est un programme à réaliser. Jésus appelle à une marche en avant, à un travail et à une lutte pour atteindre les objectifs de Dieu. Le Christ, ce n’est pas ce qui a été accompli, mais ce qui est à accomplir, ce n’est pas notre passé, c’est notre avenir. « Dieu vient à nous, non pas à partir du passé établi, mais en ouvrant un avenir ». Il ne s’agit nullement de mépriser le passé, de l’oublier ou de s’en désintéresser. Les théologiens du Royaume donnent tous une grande importance à l’histoire. Elle a beaucoup à nous apporter et à nous apprendre. Il va de soi que nous nous inscrivons dans une tradition et une continuité. Mais le passé ne doit pas devenir l’essentiel. La première place revient à l’avenir ; nous sommes fidèles à notre héritage en le transformant et en introduisant de l’inédit et de l’inouï. Les vieux textes du passé nous orientent vers l’avenir…Jésus dans notre parabole conclut son récit en disant : Mais, lorsqu’il (sous entendu le royaume) a été semé, il monte, devient plus grand que tous les légumes, et pousse de grandes branches, en sorte que les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre… Notre foi n’est pas vaine et déjà dans notre vie nous pouvons percevoir l’œuvre de Dieu, sa bonté sa présence. Les générations passent et Dieu les recueille près de lui. Il vient faire toutes choses nouvelles et nous demande de croire en ses promesses et en son œuvre. Rien ne pourra jamais nous arracher à la main de Dieu ; sa bonté est sans égale, et il poursuit son œuvre. Heureux ceux qui entendent ces paroles !

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