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Le récit que nous relisons dans l’évangile de ce jour semble nous ramener à la période de la passion ; ce jour où Jésus avant d’être arrêté, jugé et crucifié a transmis à ses disciples ses dernières volontés et instauré le repas de la cène ; Marc nous redit cela… Mais en ce jour ce n’est pas pour nous émerveiller devant un geste symbolique que nous nous retrouvons, mais devant une parole du Christ qui nous promet d’être toujours en communion avec nous ; près de nous… Dans l’évangile selon Jean, que nous ne lisons pas en ce jour, Jésus va même plus loin et déclare ce qui peut nous surprendre d’ailleurs : Je suis le pain de vie descendu du ciel. Celui qui mangera de ce pain vivra pour l’éternité. Et le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.10 Nous, chrétiens, sommes habitués à cette affirmation. Cela fait 2000 ans que de nombreuses controverses ont eu lieu entre diverses tendances théologiques sur la compréhension à propos de la présence du Christ dans le pain et le vin. Je ne rentrerai pas aujourd’hui dans ces débats pour savoir qui, de Luther, Calvin ou Zwingli, si l’on se limite aux seuls théologiens de la Réforme, avait raison ! ! Nous sommes invités à réfléchir. Sommes-nous conscients que lorsque nous célébrons la cène, nous nous trouvons plus particulièrement en communion avec Dieu quel que soit le nom ou le sens qu’on lui donne. Dieu est en communion avec chacun de nous. Il est présent avec tous mais particulièrement avec chacun individuellement. Pour le dire autrement il est présent, attentif et se manifeste particulièrement à chacun de nous. Dans ces moments, il nous accueille, nous qui sommes si souvent éloignés de lui par nos pensées et nos actes, perdus dans nos doutes ou nos questions du quotidien. Lorsque nous mangeons le pain et buvons le vin, évidemment nous ne mangeons pas de la chair humaine, nous ne buvons pas du sang : nous partageons symboliquement un repas qui nous redit que nous sommes tous au bénéfice de la même grâce de Dieu ! Nous qui sommes si différents dans nos parcours et nos existences, nous sommes ici rassemblés dans la même foi, la même espérance et par le même Dieu ! Dans le repas de la cène, Dieu nous dit qu’il nous communique sa vie, qu’il demeure avec nous près de nous. Être en communion alors que nous sommes si différents, c’est être rendu capable de vivre cette foi dans notre monde et d’en être les témoins ! Dans l’évangile selon Jean, Jésus nous invite à manger et à boire. Il insiste beaucoup sur le verbe manger qui revient sept fois ! Au passage notons que les premiers chrétiens, dans les périodes de persécutions, ont été accusés d’anthropophagie à cause de cela, ils étaient aussi accusés d’inceste, puisqu’ils se reconnaissaient comme frères et sœurs dans la foi. L’on pensait qu’ils se mariaient entre frères et sœurs et d’être ainsi des ennemis du genre humain parce qu’ils se mettaient volontairement à l’écart des autres en ne participant pas aux banquets organisés en l’honneur de l’Empereur, où l’on mangeait des viandes qui lui étaient sacrifiées, à lui, le ‘’Dieu vivant’’ ! Vous le voyez, la compréhension, parfois, est loin d’être immédiate !! Nous le voyons, ces paroles ne sont pas anodines ! Il nous faut trouver ce que Jésus nous a véritablement laissé ! Alors, reprenons les choses une à une. Jésus dit : prenez, mangez, ceci est mon corps donné pour vous ! Ce geste rappelle avant tout la manne que les ancêtres ont reçue au désert. Comme elle ce pain vient du ciel : autrement dit, il vient de Dieu. Il ne s’agit pas de supputations spirituelles, de méditations fugitives, mais de prendre en compte au plus concret de nos vies l’incarnation du Christ.11 Ce que Jésus laisse entendre en premier lieu c’est que ceux qui croient en lui seront désormais en communion avec Dieu et avec lui. La communion, c’est avant tout partager quelque chose avec quelqu’un. Dieu désire partager ce qu’il a de plus profond et vrai avec chacun d’entre nous. Cela ne se borne pas à participer à la cène ou à une eucharistie, mais à une relation intime personnelle secrète quotidienne et d’abord individuelle et à nulle autre semblable ! Ainsi, Dieu nous dit qu’il nous rejoint dans notre cheminement terrestre, dans nos souffrances, dans nos joies et nous dit que lui aussi peut être celui qui est atteint par notre misère humaine. Il ne se borne pas à dire cela, il nous dit encore qu’il nous promet une vie différente, une vie arrachée à la finitude, au mal et à l’absurde ainsi qu’à la destruction. Il est bien question de vie éternelle. Dieu vient rétablir la communion avec chacun d’entre nous ; il communique sa grâce, il est présent dans notre vie et il nous invite à nous nourrir de sa Parole. De ce qu’il dit, de ce qu’il nous promet… Il nous demande aussi d’incarner autant que cela nous est possible cette Parole dans nos vies. Il nous demande à nous aussi d’être en communion avec ceux qu’il place sur notre route ; la communion dans l’évangile, c’est cette œuvre que Dieu suscite pour que tous els humains se comprennent , se rejoignent et construisent des relations nouvelles. En relisant la prière de François d’Assise, nous trouvons quelques aspects de cette œuvre que Dieu veut établir en nous et avec nous dans la communion secrète et intime que nous cherchons face à lui ! Écoutons là : Là où est la haine, que je mette l'amour. Là où est l'offense, que je mette le pardon. Là où est la discorde, que je mette l'union. Là où est l'erreur, que je mette la vérité. Là où est le doute, que je mette la foi. Là où est le désespoir, que je mette l'espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie. O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu'à consoler, à être compris qu'à comprendre, à être aimé qu'à aimer. Car c'est en se donnant qu'on reçoit, c'est en s'oubliant qu'on se retrouve, c'est en pardonnant qu'on est pardonné,12 c'est en mourant qu'on ressuscite à l'éternelle vie. Oui, le fait de participer à la cène, c’est recevoir la plénitude du pardon de Dieu, c’est lui dire merci. La grâce qui nous est communiquée nous vient de Dieu et il demeure avec nous chaque jour et pas uniquement quand nous vivons le partage du pain et du vin… C’est plus encore, car ce pain se donne au cours d’un moment qui est appelé communion. Il est le signe par excellence de ce que devrait être toute notre vie de chrétiens : une vie communautaire, basée sur la solidarité du pain partagé, la convivialité du repas pris ensemble, l’égalité de la nourriture répartie entre tous, la joie reçue dans le partage du vin. Et ici la prière de François d’Assise résume bien l’itinéraire de toute vie chrétienne. Dans le livre du Deutéronome Dieu dit à Israël : tu te souviendras… afin que vous viviez, que vous vous multipliez et que vous entriez en possession de la terre que l’Éternel a juré de donner à vos pères. Lorsque nous vivons la cène, à nous aussi Dieu dit : Tu te souviendras. Et ceci afin que tu vives ! Dieu tient ses promesses, promesses vers lesquelles nous sommes orientées, promesses qui nous rassemblent et nous mettent en chemin, quels que soient les déserts que nous aurons à traverser, chacun ou ensemble. Parce que même dans le désert, Dieu est là qui nous nourrit et nous conduit. Et il nous indique du doigt l’horizon vers lequel nous devons tendre. Un horizon de vie. Amen ! Cantique 41-26 § 1,2 et 3 : Grand Dieu nous te bénissons !

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