Essence : Comment l’État pompe VOTRE argent !
Chers amis,
Je m’attaque aujourd’hui à une question que vous êtes nombreux à me poser :
« Pourquoi le prix de l’essence est-t-il si haut quand le cours du pétrole est si bas ? »
Vous ne trouvez pas que le carburant coûte trop cher ? Moi si ! Le litre de « super » a augmenté de manière quasi-constante en 25 ans [1], plombant notre pouvoir d’achat.
Quant au prix du pétrole, il a chuté au printemps 2020 à un niveau historiquement bas (20$!) [2]. Mais sans aucune conséquence visible sur le prix du litre d’essence...
J’ai donc voulu comprendre : à quoi correspond le prix d’un litre d’essence ? Mes découvertes ne sont pas rassurantes, ni pour notre pouvoir d’achat, ni pour l’environnement.
Combien avez-vous payé votre dernier plein de carburant ? Sans doute plus que 1,06€ le litre. C’est pourtant le « prix théorique » de l’essence au litre pour un baril de pétrole à 20$, si l’on suit la méthode de calcul fournie par le gouvernement [3]…
Alors pourquoi continue-t-on à payer si cher ?
68 centimes de taxe énergétique par litre d’essence !
C’est le montant que nous payons par litre au titre de la « TICPE » (Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques). Une taxe qui a succédé en 2011 à la TIPP (Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers), l’ancien droit de douane que payaient les importateurs (Total, EDF, Engie, etc…).
L’Etat a désormais changé de cible : la TICPE vise les consommateurs en leur faisant payer les taxes des professionnels. Le gouvernement ne s’en cache pas [4] :
"La TICPE est redevable par les professionnels gérant la production, l’importation et/ou le stockage. La valeur de la taxe (…) est ensuite répercutée sur le prix du carburant."
En clair : lorsque vous payez votre essence, vous avancez aux distributeurs l’argent qu’ils doivent payer au titre de cette taxe.
Un gouvernement raisonnable souhaiterait la fin de cette taxe, synonyme du succès de la transition énergétique, et de la réduction de la dépendance aux produits pétroliers. En bref, notre souveraineté énergétique !
Mais en réalité, notre consommation d’essence n’a cessé de progresser. Loin d’être efficace, la taxe est rentable, voire indispensable.
35 milliards : la taxe TICPE devient une rente d’État !
L’État ne se passe plus de cette manne annuelle de 35 milliards d’euros [5],son 4ème plus gros revenu (après la TVA et les impôts).
Très étrange : ce montant est encore en hausse malgré la baisse récente des cours du pétrole.
Car le montant de la taxe n’est pas indexé au cours des produits énergétiques ! La TICPE est fixée à la hausse chaque année, au bon vouloir du gouvernement.
L’indexation de la taxe aux cours du pétrole avait été décidée en 2000, puis annulée 18 mois plus tard. Trop de recettes fiscales étaient en jeu pour l’Etat.
TICPE + TVA = la double peine
A force de payer la TVA partout, on s’est habitués. Sans surprise, elle s’applique aux carburants, à un taux de 16,4%, plus faible que le taux général de 20%. Une bonne surprise du gouvernement ? Attendez la suite.
La TICPE rentre dans l’assiette du calcul de la TVA ! C’est du jamais vu : appliquer une taxe sur une autre taxe ! Les mathématiciens s’en mordraient les doigts.
L’imposture de la transition énergétique
« L’énergie est notre avenir, économisons-la. » La formule publicitaire était bien trouvée, mais elle ne sert qu’à donner bonne conscience à l’État. L’État a beaucoup trop à perdre pour nous faire « économiser de l’énergie », et d’ailleurs il compte ses sous.
La preuve, seulement 20% des recettes de la TICPE financent la transition énergétique. Le reste est partagé entre l’État et les régions. La taxe censée dissuader de la consommation d’énergie n’a aucun sens puisque l’État compte sur elle pour « boucler ses fins de mois », comme le révèle un article du Monde [6] ! Et tant pis pour l’environnement.
Quelques gros pollueurs, 60 millions de payeurs
Dans l’affaire, il n’y a qu’un seul contribuable : NOUS, les éternels dindons de la farce. La TICPE interprète le principe du pollueur-payeur à sa façon. Lisez plutôt :
« Plusieurs secteurs d’activité bénéficient de réductions ou d’exonérations de TICPE : Les transporteurs routiers et exploitants de transport public (…) le transport fluvial et maritime (…) le transport aérien (…) les activités des entreprises grandes consommatrices d’énergie. »
Les pollueurs professionnels (EDF, Air France, Air Liquide, Arcelor Mittal, etc.) sont souvent aussi des champions de « l’optimisation fiscale ». Autant dire qu’ils ne se sentent pas concernés par une taxe de plus ! Résultat : ils sont exonérés, ou partiellement remboursés! Cadeau du gouvernement. [7]
Quant aux « vrais » contribuables qui restent (BP, Shell, Total, Exxon) : ils comptent sur nous ! En réglant notre plein d’essence, nous sommes les seuls débiteurs de cette taxe, répercutée sur le prix de notre carburant.
Comme d’habitude, L’État tape sur ceux qui ne peuvent pas se défendre. Sa dernière cible : les agriculteurs utilisant des biocarburants non-polluants sont taxés à leur tour !
Conclusion : Avec la TICPE, l’État a créé un monstre. Elle est devenue bien trop addictive pour que le gouvernement la modifie en faveur de notre pouvoir d’achat.
Chaque année, l’État fait monter artificiellement cette taxe selon ses besoins de financement, sans qu’elle n’ait de rapport direct avec le coût de l’essence.
Voilà pourquoi l’essence coûte si cher, même quand le pétrole est au plus bas.
Comptez sur moi pour ne pas en rester là ! Je vous reparle très vite.
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Thierry Champion
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