« Dieu nous appelle» Nous venons de lire le passage traditionnel du quatrième dimanche de l’Avent, qui nous raconte cette histoire qu’on appelle l’Annonciation ». Nous avons tous, un jour ou l’autre, lu ou entendu cette histoire que l’on peut résumer en ces quelques mots. Un messager de Dieu, un ange nous dit l’évangéliste, qui précise qu’il s’agit de Gabriel : un personnage qui, dans le livre de Daniel, est l’annonciateur du temps du salut – … un ange donc annonce à une jeune fille, Marie, fiancée à un certain Joseph, qu’elle va être enceinte et enfanter un fils, auquel elle donnera le nom de Jésus, ce qui veut dire » Dieu sauve ». Bien sûr, nous connaissons tous ce récit que beaucoup interprètent comme l’annonce d’une naissance miraculeuse. Cette interprétation repose en grande partie sur un problème de traduction : parce que le mot grec » parthenos » (dans la version grecque du N.T. qui est la base que nous utilisons) désigne une jeune fille vierge, alors que le mot hébreu correspondant désigne simplement une jeune fille en âge d’enfanter. Mais, elle s’appuie aussi, sur ce qu’affirme le messager de Dieu : » l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre ». Beaucoup ont compris ce verset de façon littérale, comme si l’Esprit saint, était, en quelque sorte, le père biologique de l’enfant. Il se trouve encore beaucoup de chrétiens qui admettent que ceci s’est littéralement produit, qu’il s’agit d’une histoire sainte et que cela échappe à notre compréhension. Mais était-ce l’intention de Luc ? Dimanche 20 décembre 2020 – Pr Frédéric VERSPEETEN – page 8 / 14 Luc s’adresse à un auditoire grec qui a entendu parler de ces récits où la divinité se mêle aux humains. Luc veut affirmer que, ce qui est arrivé à Marie de Nazareth est bel et bien une intervention de Dieu. Mais en y réfléchissant bien nous devons réaliser que ce qui est dit ici est en réalité, une histoire écrite 70 ans après les faits, enrichi de citations de l’Ancien Testament. Pour comprendre l’enjeu et la richesse de ce passage du Nouveau Testament, il nous faut dépasser la question du miracle surnaturel. La vraie question n’est pas de savoir si Marie était ou non vierge au moment de la conception ou au moment de la naissance de Jésus. Elle n’est pas non plus de savoir qui est le père biologique de l’enfant : l’Esprit saint, Joseph ou quelqu’un d’autre. Ce ne sont que des questions qui peuvent être finalement secondaires et qui passent à côté du sens réel du récit. Ce qui est important, c’est que l’enfant qui va naître sera habité pleinement de l’Esprit de Dieu. Qu’il deviendra un homme qui manifestera pleinement l’amour de Dieu, portera en lui la parole du Dieu vivant. Les paroles ne seront plus écrites sur des tables de pierre, mais dans son cœur, dans son être, dans son intelligence et que Dieu désire le faire aussi dans nos vies. La venue du Messie au milieu de son peuple n'est pas ce que l'on pourrait appeler une « grosse surprise » ou un fait inattendu. Depuis des générations le peuple d'Israël vit dans l'attente de cette venue. C’est aussi l’intention de Dieu qui ne veut pas que nous restions enfermés dans notre péché. Dieu est présent dans nos attentes, dans nos espérances. Et cette présence va bien au-delà. En effet, le message de l'ange se poursuit pour nous inonder nous aussi de cet événement qui va créer une foi nouvelle : Jésus de Nazareth est Fils de Dieu. Jésus assume pleinement notre humanité, mais il est aussi celui qui révèle ici-bas la présence de Dieu, il en est le visage que nous pouvons voir. Sur notre terre, il est venu, il a vécu et il vit encore. Nous le savons bien, il se donne à rencontrer sur cette terre où nous sommes. Cela implique que nos attentes pour l'avenir trouvent une part de réalisation aujourd'hui déjà. Certes, nous ne le voyons pas, mais Dieu vit et agit en nous. Lorsque nous chantons, » Il est là au cœur de nos vies » ce n'est pas simplement une jolie phrase poétique, c'est une réalité vivante ; lorsque nous partageons le pain et le vin de la Cène, il est là au milieu de nous et avec chacun de nous et nous pouvons nous joindre aux disciples d'Emmaüs lorsqu'ils se disent l'un à l'autre » notre cœur ne brûlait-il pas tandis qu'il nous parlait en chemin ? ». Alors pourquoi bouder la joie de Noël ? Pourquoi dénigrer nos préparatifs de fête ? Pourquoi les dénoncer sans cesse et les critiquer comme nous avons pris si souvent l'habitude de le faire en les qualifiant de païens ? Bien sûr, il y a des dérives insupportables autour de ce mot devenu un peu magique : Noël. Il me Dimanche 20 décembre 2020 – Pr Frédéric VERSPEETEN – page 9 / 14 semble que les premiers chrétiens avaient une sagesse qui nous manque aujourd'hui. Ce sont eux qui au IVe siècle ont pris la décision de fixer Noël sur une fête païenne : la fête de la lumière qui renaît. Ce sont eux qui ont mêlé la joie de la naissance du Sauveur du monde aux rites plus prosaïques liés aux cycles de la nature. Il n'est donc pas étonnant qu'aujourd'hui encore, à Noël, des traditions de haute spiritualité se mêlent à des traditions païennes, voire commerciales. Pourquoi nous en offusquer ? Il serait vain et surtout très prétentieux de vouloir séparer le bon grain de l'ivraie du monde. Jésus n'est pas né dans un palace 5 étoiles, non plus dans une église ou un monastère ; il est né dans une étable, avec les moyens du bord ; il est né sans faire de manières sur la paille d'une mangeoire. Marie entend cette parole étonnante, elle sait que le Seigneur est avec elle. Il est là présent dans son existence. Et la question qui se pose à nous aujourd'hui dans les situations que nous vivons, dans les épreuves que nous traversons, c'est de savoir que Dieu nous rejoint de la même manière. Sommes-nous habités par la joie des promesses exaucées ? Sommes-nous portés par la joie de savoir le Seigneur avec nous ? Aujourd'hui, ce qui menace notre Noël, ce n'est pas le manque de bonne volonté pour donner à cette fête tout le lustre qui lui revient ; ce serait plutôt de ne pas croire la parole du Dieu avec nous, de ce Dieu qui vient se mêler à nous, qui vient habiter en nous comme il a habité dans le ventre de Marie, qui vient loger chez nous comme Jésus a logé chez Zachée, qui vient manger avec nous comme Jésus a mangé avec les disciples et avec tous ceux qui l'invitaient. Marie va finalement faire confiance à Dieu, ici Dieu ne s’impose pas il dit ce qu’il veut faire et suscite l’adhésion à son plan … Aurions fait la même réponse ? Oui… nous devons nous poser cette question. Que ferions-nous si le Saint-Esprit venait frapper à notre porte ? Car, voyez-vous, il me semble que, si ce récit nous est conté par l’évangéliste Luc, c’est pour nous dire le « oui » de Marie… mais c’est également pour nous dire que, nous aussi, nous pouvons être des hommes et des femmes de foi, qui font confiance au Seigneur. C’est pour nous encourager à faire comme cette femme – cette jeune fille – qui accepte la vocation, la mission que Dieu lui confie. Soyons certains, en effet, que Dieu frappe aussi à la porte de notre cœur. D’une manière ou d’une autre, il est déjà venu frapper à notre porte, que nous en ayons conscience ou non, que nous ayons entendu et accepté son appel, à telle ou telle Dimanche 20 décembre 2020 – Pr Frédéric VERSPEETEN – page 10 / 14 occasion, ou que nous l’ayons remis à plus tard. Dieu nous fait signe par de nombreux biais et de bien des manières. Il ne cesse de nous attendre et il n’est jamais trop tard pour Dieu. Alors… accepterions-nous – comme Marie – de nous laisser déplacer par Dieu ? Accepterions-nous de modifier nos projets et nos désirs, comme elle a eu le courage de le faire… simplement en vivant dans la confiance ? Bien sûr, nous ne verrons peut-être jamais de messager ou d’ange de Dieu, mais soyons certains que Dieu nous parle de bien des manières : par sa Parole, par son Évangile, par des témoins… il nous parle à travers les personnes que nous rencontrons… à travers les événements et les visages que nous croisons… à travers les livres que nous lisons… à travers la nature que nous contemplons : Dieu nous parle et il nous appelle. Il vient nous dire : « reçois ma confiance et mon Esprit d’amour ! Sois mon témoin ! Ne crains rien ! Si tu accueilles mon Esprit, le Christ peut naître en toi ! » C’est cela que raconte ce récit de l’Avent : une femme, un jour, a accepté d’ouvrir son cœur à Dieu … L’Esprit saint est venu habiter en elle et féconder son existence. Il fait germer la vie. C’est le miracle de la foi. Chant N° 31.29 § 1, 2, 3 & 4 : Peuples qui marchez dans la longue nuit Refrain Peuples qui marchez dans la longue nuit, Le jour va bientôt se lever. Peuples qui cherchez le chemin de vie, Dieu lui-même vient vous sauver. 1. Il est temps de lever les yeux vers le monde qui vient, Il est temps de jeter la fleur qui se fane en vos mains. Refr. 2. Il est temps de tuer la peur qui vous garde en ses liens, Il est temps de porter la croix jusqu’au bout du chemin. Refr. 3. Il est temps de bâtir la paix dans ce monde qui meurt, Il est temps de laisser l’amour libérer votre cœur. Refr. 4. Il est temps de laisser les morts s’occuper de leurs morts, Il est temps de laisser le feu ranimer votre ardeur. Refr. OFFRANDE Dimanche 20 décembre 2020 – Pr Fréd