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« LE CŒUR DE L’HOMME EST TORTUEUX » Texte biblique à lire : Jérémie 17.5-10. Frères et sœurs, Nous traversons une période à la fois étrange et difficile. D’un côté, la Covid qui gagne du terrain, sa propagation nous empêche d’avoir une réelle visibilité sur les jours et les mois à venir. Et de l’autre, vous avez suivi comme moi, les deux derniers attentats perpétrés par deux jeunes terroristes à Conflans-Sainte-Honorine et dans la basilique Notre Dame de Nice. Comme toujours, en pareilles circonstances, nous avons vu passer de messages d’indignations, de discours de fermeté prononcés par celles et ceux qui nous gouvernent, de messages de condoléances adressés aux familles des illustres disparus. Il est tout à fait vrai que face à ces horribles attentats, c’est difficile de ne pas réagir ou de ne pas avoir une idée sur ce qui doit être fait pour éviter que pareille situation ne se reproduise. Aussi, vous avez pu remarquer qu’à chaque attentat, chaque meurtre, c’est toujours les mêmes discours, toujours les mêmes refrains. Du coup, on se rend évidemment compte qu’au prochain attentat, les discours prononcés précédemment n’ont pas, en réalité, produits les effets escomptés. Voyez-vous, on est véritablement dans un éternel recommencement. C’est ici que je rejoins cette phrase que j’ai entendu lors d’une conférence sur la violence, le conférencier disait : « Rien n’est plus terrifiant que de combattre un ennemi qui, dans la guerre, n’a pas de but de guerre ». C’est vrai. On n’a pas de marge de manœuvres face à un adversaire qui n’a pas de but de guerre et qui n’a pas l’intention de sortir vivant de la bataille. Ceux qui sont dans l’obscurantisme, ceux qui sont contre l’esprit des lumières - n’ont pas d’objectif. Un terroriste n’a pas de but dans sa course folle. Quand il se trouve en face de vous, il ne va pas chercher à vous convaincre de le rallier dans son idéologie. Lui, il n’a qu’une option : c’est de mourir et mourir avec vous. J’entends tout ce que les politiques disent et je me dis, à chaque discours qu’ils prononcent, est-ce qu’on n’est pas encore en train de se tromper ? Un certain nombre de décisions sont prises : une mosquée en région parisienne est fermée, certaines associations sont dissoutes, d’autres ne recevront plus des subventions, des étrangers fichés S vont être expulsés du territoire national… On peut, évidemment, comprendre ces décisions – parce que ces gens-là s’autoexcluent de la communauté nationale. Mais est-ce suffisant pour arriver à une paix véritable ? La réponse est clairement non. Maintenant, il y a autre chose, si on ne fait pas attention on tombe dans le piège de ceux qui veulent nous fracturer et nous diviser. Ça ne sert à rien de dire : « on est chez nous » ou « rentrez chez vous. » L’indignation des meurtres qui ont été commis ne doit pas laisser la place aux amalgames ni à la résignation. A vous tous – mes amis chrétiens – je vous invite à ne pas tomber dans leur piège. Parce qu’en réalité, que cherchent ces gens-là ? Détournez nos regards et nous empêcher de voir ce qui fonde notre vivre ensemble. Ils veulent détruire, anéantir ce qui est le soubassement même de notre cohabitation. Certains l’ont bien compris, d’autres non. Ceux qui, malheureusement, attisent la haine tombent, sans le savoir, sous le coup d’une complicité morale avec ces individus. Je vais être clair avec vous. Il m’arrive de ne pas être d’accord avec une certaine forme de « liberté d’expression ». Ou pour dire les choses très clairement, je ne suis pas très à l’aise avec certaines carricatures. Mais ce n’est pas pour autant que me viendra à l’esprit l’idée de commettre un acte irréparable. Le vivre ensemble, c’est aussi d’accepter d’entendre ce qu’on n’a pas envie d’entendre, sans toutefois tomber dans la provocation. C’est comme ça ! Je n’invente rien, même dans nos familles, nos couples, il arrive d’entendre des choses qu’on n’a pas envie d’entendre. La famille parfaite n’existait pas, le couple parfait n’existait pas. (Et pour rassurer certains, la belle-mère parfaite n’existait pas non plus). Cependant, au fond de moi, je me dis que le problème est ailleurs. On est dans une situation de terrorisme permanente. On est en guerre comme disent certains. Et ça peut arriver à n’importe qui. Les intégristes sont partout et prêts à tout. J’assume le fait de dire que les intégristes sont aussi chez les chrétiens, les juifs et les athées. Ils tuent moralement, spirituellement et psychologiquement. Allez poser la question aux personnes qui ont vécu des choses atroces avec des soi-disant conducteurs spirituels, des soi-disant hommes de Dieu, des prêtres hypocrites, des pseudos prophètes… Ils vous diront qu’ils sont en vie mais en réalité ils ne vivent plus. Il y a des dégâts partout. Si je vous dis ces choses, frères et sœurs, c’est pour nous amener à comprendre que le problème, finalement, c’est d’abord et avant tout le cœur de l’homme. Le prophète Jérémie au verset 9 du chapitre 17 dit : « le cœur de l’homme est tortueux ». Il veut dire par là que le cœur de l’Homme est méchant, sans pitié, rempli d’horreurs. En gros, c’est là que réside tous les maux. Le prophète Jérémie dresse un portrait du cœur de l’Homme qui est alarmant, je dirais même pessimiste. Il souligne la profondeur du mal qui est ancrée dans l’être humain. Et il rajoute : quoi que l’on fasse, le cœur de l’homme est incurable. Que faire face à un cœur qui est incurable ? Que faire face à un cœur qui n’a pour but que le désir de faire le mal ? Que faire ? Chaque jour, nous fait découvrir un monde non pas meilleur, mais qui va de pire en pire. Même au sein de l’Église nous trouvons des pratiques et des comportements les plus effrayants qui puissent exister. Au fond, notre plus grand problème n’est pas extrinsèque à nous, il est plutôt intrinsèque et c’est bien notre cœur qui doit être pointé du doigt. C’est là que se trouve le véritable problème. « Le cœur est ici tout l’être intérieur. De lui proviennent les bonnes intentions et les mauvaises choses, ce que l’homme pense, dit et fait. C’est encore dans la Bible, le siège de l’intelligence, des sentiments, des désirs, et de la volonté. » (Commentaire biblique Proverbes 4.23). Jérémie souligne la gravité du mal qui atteint l’homme. Il s’adresse à ses contemporains avec un air très grave. Je rappelle que le peuple hébreu à l’époque du prophète Jérémie n’avait pas le comportement le plus exemplaire qui puisse exister. « Car, tous, petits ou grands, sont avides de gains. Tous, du prophète au prêtre, pratiquent la duplicité. Certains n’ont pour objectif que de tuer les innocents, opprimer et traiter les gens avec brutalité pour parvenir à leur fin » (6.13 ; 22.17). Voyez-vous, le monde à l’époque de Jérémie n’était pas si différent du nôtre. « Le cœur de l’homme est tortueux », voilà le drame de l’Homme. Et je vais peut-être décevoir certains, ce n’est pas parce que vous venez tous les dimanches à l’église ou parce que vous êtes chrétien donc automatiquement vous êtes bon et diffèrent des autres. Non, détrompez-vous ! Je l’ai déjà dit à maintes reprises et je le répète encore : l’être humain est double dans sa nature. Il est capable du meilleur comme du pire. Nous tous – j’insiste sur le pronom pluriel TOUS – portons en nous, dans les profondeurs intimes de notre cœur les germes du mal sous toutes ses formes. Nous ne sommes pas plus excellents ou plus exemplaires que les autres et de toute façon, qu’on le veuille ou non, les faits sont là : nous sommes, au sens biblique du terme, des pécheurs. Cela va sans dire ! Quand le cœur de l’Homme ne sait plus recevoir ou donner l’amour, cela le conduit inéluctablement à commettre le mal et à se nicher dans ce que j’appelle : « la banalisation du mal. » En fait, « la banalisation du mal » se caractérise par l’incapacité d’être affecté par ce que l’on fait et le refus de juger et de distinguer le bien du mal. Dès lors que je ne vois plus l'intérêt de l'autre, dès lors que je ne me mets pas à la place de l’autre, dès lors que je ne me sens plus responsable de l'autre (rappelez-vous cette phrase si significative que Dieu prononça face à Caïn : Qu’as-tu fait à ton frère ?), quand nous banalisons le mal, c’est là que nous trouvons aisément le moyen de commettre le mal. « Le seul vrai problème de tous les temps, disait Albert Einstein, se trouve dans le cœur et les pensées des Hommes... Ce n'est pas la puissance d'explosion d'une bombe atomique qui nous effraye, mais la puissance de méchanceté du cœur humain, sa force d'explosion pour le mal. » Frères et sœurs le constat est là. Certains ont l’impression que la violence prend de plus en plus de place dans notre société. Excusez-moi, mais ce n’était pas mieux avant. Le fait est que la violence a toujours existé et elle y sera pour toujours. Pourquoi ? Parce que le cœur de l’homme est tortueux. Voilà la racine du mal. Y a-t-il une solution ? Jérémie semble nous dire que non. Parce que de lui-même l’homme ne peut pas guérir son cœur et on ne peut rien y comprendre. En gros, ce que Jérémie nous dit en filigrane c’est de ne pas faire confiance à votre cœur ni à celui des autres. Etonnamment, Jésus fait le même constat. Que dit-il dans l’évangile de Matthieu 15.18- 19 : « Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est cela qui rend l’homme impur. Car, c’est du cœur que proviennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, l’immoralité, le vol, les faux témoignages, les blasphèmes… » Au fond, affirme Jésus, ce qui vient de l’intérieur est marqué par la puissance du mal qui a fait sa demeure en l’homme. Cette puissance instrumentalise la relation de Dieu au point qu’elle sert alors de prétexte à supprimer la solidarité nécessaire entre les hommes. Plus largement, cette puissance se manifeste dans l’ensemble des comportements humains déviants, qui rendent si difficile la vie en société. (Commentaire du NT, p.87) Le portrait du cœur que Jérémie dresse n’est pas enthousiasmant. Et on peut se demander : L’Homme est à ce point incapable de créer une condition de vie qui soit saine ? Malgré ce que nous dit le prophète Jérémie, je pense que le cœur de l’homme est capable de changement… mais à une seule condition : accepter ce que la Bible appelle la « circoncision du cœur », c’est-à-dire une incision dans le cœur, une repentance réelle, un changement de pensées beaucoup plus profond. Nous avons tous besoin de cette opération chirurgicale, besoin de cette transformation sans laquelle, notre cœur ne deviendra jamais pur. Dans les béatitudes Jésus dit : « Heureux ceux dont le cœur est pur, car ils verront Dieu. » (Matthieu 5.8). En d’autres termes, heureux ceux dont le cœur est consacré, orienter vers la charité, la tolérance, le pardon, la justice… car ils verront Dieu. Cette incision du cœur est l’essence même de notre vocation, nous avons la responsabilité de nous impliquer dans ce processus de transformation. Sachez que nous ne sommes pas seul, Dieu est avec nous. Il nous accompagne dans ce difficile projet qui consiste à devenir un être nouveau, une nouvelle créature – disait l’apôtre Paul (2 Cor 5.17). Cela fait évidemment échos à ce que Dieu a promis dans le livre d’Ezéchiel : « Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau, j’enlèverai de votre être votre cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. » (Ezéchiel 36.26 et 11.19) Le Dieu de Jésus-Christ est capable de réparer notre cœur, de le transformer, de le changer. Il nous invite à choisir le chemin qu’il propose. Certes, c’est un chemin qui peut être éprouvant mais la promesse est là. Dieu nous dit : Il ne nous laisse pas seul, il est avec nous. Nous savons tous combien il est nécessaire de se laisser transformer par Dieu malgré nos « petits péchés mignons ». Nous avons chacun nos « petits péchés mignons » que nous arrivons d’ailleurs à entretenir avec soin et qui, ensuite, s’érigent en forteresses. Au fil du temps nous commençons à avoir du mal à nous en débarrasser tellement que nous noussommes habitués vivre dans cet état des choses. Chers amis, Dieu veut déconstruire tout cela et nous doter d’une image qui correspond à celle de son fils, Jésus-Christ. Sommes-nous disposés et prêts à recevoir ce changement avec humilité ? Je vous invite, en silence et au fond de votre cœur, à dire cette prière après moi : « Seigneur, pardonne-moi et transforme mon cœur. » « Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irrépréhensible, lors de l'avènement de notre Seigneur Jésus Christ ! » 1 Thessaloniciens 5.23. Amen.

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