RÉAPPRENDRE LA PRIÈRE

7 Mai 2020

Matthieu 6/7-8 Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens ; ils s’imaginent que c’est à force de paroles qu’il se feront exaucer. Ne leur ressemblez pas, car votre Père sait ce dont vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. vous donc, priez ainsi : Notre Père qui es au cieux …

Le païen demande, toujours, toujours plus et sans fin. J’ai toujours du mal à lire ce verset car, au fond de moi, je le reconnais, je me sens bien dans cette société de consommation. Oui, c’est dit, j’aime consommer ! Bon et alors, est-ce vraiment un problème ? Que celui qui n’a jamais fait du shopping me jette la première pierre … Cependant, celui que Jésus condamne, c’est le « païen », l’a-religieux. Celui qui, en l’absence de toute transcendance, demande éperdument car, au fond, faute de divin, il ne peut se construire que face à ce qu’il possède. J’entrevois alors le problème autrement qui n’est pas la question du désir des biens matériels mais du statut que peuvent revendiquer ces désirs dans notre vie. On peut consommer sans se réduire à l’état exclusif de consommateur, et, hélas, on peut aussi se sentir comme privé de dignité faute de pouvoir consommer sans freins.

Depuis des semaines notre frénésie de consommation est plutôt frustrée. En dépit des ventes en ligne, il paraît que les français n’ont jamais autant économisé. Tant mieux pour eux et tant mieux peut-être pour l’église si une part de ces économies nouvelles devenaient dons (pourquoi pas ?). Mais ce temps de pause et d’ « empêchement de consommation » nous pose aussi une question spirituelle, d’une telle évidence que j’ose à peine l’évoquer, celle du discernement dans nos besoins. Ne faisons-nous pas l’expérience d’une simplicité de vie libératrice. N’y a-t-il pas dans une certaine frugalité un épanouissement possible ?

Bien sûr, ne peuvent se faire cette réflexion, que ceux qui ont le luxe de pouvoir choisir la frugalité, car lorsque celle-ci est imposée par les injustices sociales, cela ne s’appelle plus de la frugalité mais de la pauvreté ! Quoi qu’il en soit, le manque nous permet de relire nos richesses, les ré-évaluer, avant … mais avant quoi au fait ? Avant de les retrouver et les embrasser à nouveau comme si rien ne s’était passer ? Espérons que non.

Avant de les retrouver, nous pouvons prendre le temps de prier avec Jésus. Par les mots qu’il nous recommande Jésus fait plus que nous montrer « comment prier », il nous apprend à prier, il nous révèle même le sens de la prière. Quel est-il ? Cette possibilité donnée devant Dieu, de pouvoir prendre de la distance avec nous-mêmes. Renoncer à la multitude de ses demandes pour s’en tenir aux demandes essentielles exprimées dans la prière du notre Père, c’est se redécouvrir dans ce que nous avons réellement besoin et au fond dans ce que nous sommes vraiment, des hommes et des femmes libérés et donc capables de désirer et de renoncer à leur désirs (là est la maturité). Mais encore une fois, il nous est bien difficile d’atteindre notre propre vérité tant elle est dissimulée par toute sorte de mensonges. Cependant, nous pouvons y tendre devant Dieu en priant comme Christ nous l’a enseigné. C’est un chemin intérieur, c’est un chemin de liberté. Qui prend le temps d’épouser cette prière sera en capacité de retrouver sa vie d’avant d’une façon nouvelle, avec la liberté de remettre toute chose à sa place. C’est peut-être çà le vrai luxe !

Proverbes 30/7-9 Je t’ai demandé deux choses, ne me les refuse pas avant que je meure : Éloigne de moi fausseté et mensonge, ne me donne ni indigence ni richesse ; dispense-moi seulement ma part de nourriture, car, trop bien nourri, je pourrais te renier en disant : « Qui est le SEIGNEUR ? » ou, dans la misère, je pourrais voler, profanant ainsi le nom de mon Dieu.

Prions : Seigneur, aujourd’hui une seule prière, mais élevée d’un coeur tout entier, donne-nous le goût et la joie de la simplicité. Donne-nous de découvrir dans cette simplicité de vie la liberté que nous offres. Amen.

Xavier Langlois, Pascal Geoffroy